L’Epopée Epique Corrézienne, jour 1.

10/07/II - Jour premier ou comment Vincent et Serious DD trouvèrent Cheveux, fort loin de leurs demeures respectives

Le jour venu, Cheveux étant partit courageusement en éclaireur, le Vincent et le Serious, ayant préalablement monnayé contre force écus deux billets vers l’inconnu, se retrouvèrent en gare de Nantes où le palefrenier ne leur proposa qu’un chétif et miteux TER, emplit de puces, pour seule monture. C’est, laissant les péniches à Nantes ainsi que les miss devant les péniches ou du moins les laissant sur le seuil des arches, au nez qu’ils se murent ainsi jusqu’au patelin nommé Vierzon ou la bête rendit l’âme. Ils se repurent d’exécrables sandwichs. Nos aventuriers troquèrent ensuite la dépouille du canasson contre un train Corail flambant neuf et pétant style.

Ils s’enfoncèrent ainsi dans les terres de Corrèze, voyant défiler en cohorte entière l’absence de civilisation et la jungle désertique sub-arctique. La lumière, que nos Méchouïstes comptaient d’apporter en cette contrée, désertait les lieux comme les oiseaux avant le carnage. Plus nous avancions et moins les rayons du Soleil s’aventuraient à nous suivre. Il fallait sûrement y voir là, l’œuvre occulte de quelque mouvement giratoire de la Terre...

C’est donc chevauchant la bête sus décrite, qu’après quelques éternités de périple confortable à travers landes désolées que nous arrivâmes presque à destination à la vingt-deuxième heure, sombre et tardive.

De Nantes, nous partîmes deux, mais par un prompt renfort nous vîmes quatre en arrivant en gare d’Uzerche. La raison suit derrière, et non pas derche. (navré)

Abandonnant leur monture à l’escarpement du terrain, Vince et Serious DD avancèrent, éblouis par la complète obscurité tombant des étoiles. L’oeil perçant de Vincent descella tout de même dans l’ombre le visage ami de son contact.

Il s’agissait là de Linette, la tante du Vincent, qui nous offrait généreusement l’asile dont nous avions tant besoins et dont celui-ci nous avait tant vanté, à juste titre, l’hospitalité. Dans sa bonté, voir sa déraisonnable inconscience, elle avait fait voeu d’accueillir nos trois ineptes entité sur ses terres.

Extraordinairement, la silhouette hirsute du Cheveux bondit hors de l’obscurité indiquant, contre toute attente, son inattendue ponctualité au rendez-vous fixé...

La compagnie au complet après les réjouissantes retrouvailles put reprendre la route sur les chemins de Corrèze.

Sautant dans la fougueuse diligence de Linette, nous gravîmes des falaises abruptes et on eut bien dévalé des ravins jusqu’aux berges. Cahotés dans le carrosse mené de main de maître, c’est au détour de moult virages serrés que nous parvînmes au village de Clergoux, lieu même du logis de la tante de Vincent qui constituait notre principal camp et du moins le seul endroit que nous savions viable.

C’est donc à 23 heures, dans l’obscurité la plus génialement parfaite que nos hurluberlus plantèrent la tente. Aidé par deux phares de voitures qui passaient par là...

Le monument en plastoque érigé, assoiffés par cet exploit, ils fêtèrent comme il se doit l’exploit de leur retrouvaille en ces lieux en compagnie d’un bon Saint-Nectaire et d’un succulent vin de noix de fabrication maison, fine appellation, que la productrice dégaina pour l’occasion.

Chacun se servit deux ou cinq tonneaux avant qu’avec un sourire malicieux, Linette ne leur annonce que la bête grimpait jusqu’à quarante degrés...

Avec hésitation, il burent la liqueur sirupeuse, sucré et effectivement forte, mais sans se décourager ils triomphèrent des chopes, exploit qui leur value de ne pas avoir froid durant la nuit...

L’heure venue de dormir, remarquant que la tente ne comportait que deux chambres individuelles, Cheveux fut tiré au sort pour dormir au milieu de la tente, noyé sous les kilotonnes de sacs et à la merci des insectes. Ainsi installés, nos chers pochtrons notoires dégoupillèrent une magnifique piquette, que Cheveux avait ramenée suite à un beau détour, passant par Bordeaux pour joindre Nantes à la Corrèze, histoire de ne pas fêter leur arrivée à moitié. On voulut boire ça vite et se ruer sur le bon coucher...

Ils s’endormirent malgré les hurlements à la Lune, terrifiants et incessants, des grenouilles...